La réforme de la formation professionnelle franchit une nouvelle étape. Le Conseil des ministres du 28 avril 2025 a jeté les bases d’une refonte ambitieuse du système de formation initiale et continue. Objectif : mieux adapter l’offre aux besoins réels du marché du travail, tout en assurant une soutenabilité financière à long terme. Deux jours plus tard, le 30 avril, des mesures budgétaires concrètes étaient annoncées pour une mise en œuvre dès juillet 2025.
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🔍 Pourquoi cette réforme ? Un système à bout de souffle

  • Le chômage des jeunes repart à la hausse : +1,4 pt en 2024
  • 480 000 postes non pourvus malgré la pénurie de main-d’œuvre
  • Un écart d’insertion majeur entre voie scolaire et apprentissage (ex. CAP : 27 % vs 59 % à 6 mois)
  • Des dispositifs complexes, éclatés, peu lisibles pour les publics et les employeurs
    ➡️ L’État veut rationaliser, orienter, et impliquer davantage les branches professionnelles.

Les 5 axes de la réforme (Conseil des ministres du 28 avril)

1. Relever la qualité et la pertinence des formations

  • Refonte des diplômes et certifications
  • Remise à plat de Qualiopi, critiquée pour son inefficacité

2. Cibler les financements sur les métiers en tension

  • Moins de financements “automatiques”
  • Priorité aux formations stratégiques pour l’économie

3. Transformer le lycée professionnel

  • Parcours mixtes (voie scolaire puis apprentissage)
  • Meilleur accompagnement via France Travail et les bureaux des entreprises

4. Territorialiser l’offre de formation supérieure

  • Nouvelles conventions (COMP) entre État et universités
  • Pilotage basé sur les données d’insertion (InserSup)

5. Faciliter les reconversions professionnelles

  • CPF, VAE et immersions simplifiés
  • Co-construction des parcours avec les entreprises

Ce qui change concrètement dès juillet 2025 (mesures du 30 avril)

➤ Participation employeur de 750 €

Pour les diplômes de niveau 6 et 7 (Bac+3 et plus), par contrat d’apprentissage

➤ Proratisation journalière des financements

Fin de la logique mensuelle : on finance au jour réel de formation

➤ Moins 20 % pour les formations majoritairement en distanciel

Cible : éviter les effets d’aubaine liés à des coûts pédagogiques réduits

➤ Solde différé de 10 % en fin de contrat

Objectif : limiter les trop-perçus et responsabiliser les CFA

Ce qui est prévu pour la rentrée 2026

  • Fusion de 800 000 NPEC en 3 500 forfaits standard
  • Création de bouquets de certifications par métier
  • Plafond de 12 000 € étendu aux niveaux 5 (Bac+2)

Les points de débat à suivre de près

  • Le risque de désengagement des PME/ETI, alertées par le Medef
  • La fragilisation des formations à distance, avec un financement réduit
  • L’absence de mesures fortes sur la qualité pédagogique, selon certains syndicats
  • Le défi du pilotage territorial, notamment dans les zones à faible offre éducative

✅ Conclusion

Le gouvernement ne se contente plus d’ajuster à la marge : il restructure le pilotage de l’apprentissage et de la formation pro autour de critères économiques et territoriaux.
Mais cette réforme, bien qu’ambitieuse, devra convaincre sur le terrain : CFA, entreprises, branches professionnelles et jeunes en sont les acteurs clés.
Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer sa mise en œuvre concrète… et ses résultats.

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